La dictature militaire en Argentine

Vendredi dernier était un jour férié, ici, en Argentine. Nous fêtions le coup d’état, survenu il y a 30 ans, instaurant la dictature militaire. Cette époque est appelée « el proceso » (Le procès). Vous me direz, pourquoi fêter l’avènement au pouvoir d’un régime dictatorial. C’est bien là tout le débat. Lors du vote de l’assemblée le 16 mars, pour instaurer ce jour, les députés se sont étripés sur ce fait. Certains faisaient valoir que le jour « férié » vient de feria, c’est-à-dire fête, or cet évènement n’a rien d’une fête. Le président a cependant fait passer en force la mesure en disant que ce jour devait être un jour de deuil national et non un jour de pique-nique.

On estime à 30 000 personnes le nombre de disparus lors de la dictature. Nombre de films retracent cette période noire. Les artistes de l’époque ont du fuir, tout dissident était arrêté. Ce régime durât 7 ans. En 1982, alors que la junte au pouvoir perdait en prestige, le Général Videla, chef du régime, décidât la « récupération » des îles Malouines (Falkland pour les Anglais.) Enorme échec du coté Argentin, 649 mort contre 255 coté Britannique. Alors que les « Provinces du río de la Plata » (Ancien nom de l’Argentine) envoyèrent des jeunes de 18 ans, Margaret Thatcher envoyait une armée de métier. Depuis ce temps, les argentins vouent une haine sans borne aux Anglais. (Alors que ce dernier était le 1er partenaire économique de l’Argentine en 1900, il est dorénavant le pays voleur de territoire).

Face à cet échec, la junte dut se retirer du pouvoir. Le voile fut alors levé sur nombre d’atrocités commises par les militaires. La démocratie est de retour même si elle reste fragile. Alfonsín devient président. Carlos Menem lui succède en 1991. Le procès des dirigeants de la dictature approche. Cependant sous les pressions de l’armée, Menem fait voter une loi d’amnistie. Les tortionnaires de la dictature ne seront donc jamais jugés.

Ainsi, Vendredi dernier (24 mars) des rassemblements ont eu lieu un peu partout dans le pays. Sur la place de Mai d’abord (Place où se trouve la palais présidentiel). Cette place est célèbre car tous les jeudis, depuis 25 ans, les mères des disparus viennent tenir un sitting pendant 24h. La résidence de Videla, seul dictateur encore en vie, fut aussi lieu de rassemblement. Cette journée ouvre les esprits sur le passé peu glorieux de l’argentine. Passé que l’on cherche à cacher ici (non enseigné à l’école, sujet tabou) mais qui doit faire l’objet d’un devoir de mémoire pour que de telles dérives ne se reproduise « Nunca más » (« Jamais plus » inscription posée dans l’école militaire argentine le vendredi 24 mars afin de ne pas oublier le rôle néfaste de l’armée dans cette période)

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